jeudi 20 octobre 2016

Un autre point de vue sur Alep (et la Syrie)

Message d'un artiste syrien aux USA ...
"Décombres de ma maison d'Alep au nom de votre liberté !"
Sa page facebook : Tamman Azzam

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Interview de Vanessa Beeley, journaliste britannique de retour d'Alep (Ron Paul Liberty Report, 2016)
Lire aussi : La mystification des casques blancs, le 20 octobre 2016, Arrêt sur info

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Entretien avec Artem Studennikov, Ministre Conseiller de l’Ambassade de Russie (Paris, 7 octobre 2016). États-Unis-Russie : Tensions Géopolitiques et Terrorisme

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Interview intégrale de Vladimir Poutine par Bloomberg (1 septembre 2016) : Arrêt sur Info

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Ce que Poutine a dit à TF1 et ce que la chaîne a préféré taire 
Le 13 octobre 2016 - RTFrance

Dans un entretien attendu à la chaîne TF1, le président russe Vladimir Poutine a donné franchement son avis sur plusieurs sujets, mais le choix des journalistes de la chaîne surprend, beaucoup de points chauds importants sur le plan international ayant été omis. Qu'est-ce que TF1 a passé sous silence? Sputnik publie les parties qui manquent.

Le nom du président russe Vladimir Poutine a été évoqué durant cette dernière semaine  en France un nombre assez impressionnant de fois en raison de sa visite annulée à Paris et ce qui a précédé : le désaccord concernant la situation dans la ville syrienne d'Alep et la résolution française sur Alep qui s'est heurtée au veto russe. M. Poutine ne vient toujours pas en France, mais il accepte de parler aux journalistes français de TF1 et leur parle franchement et sans éviter les questions délicates.

Pour Poutine, la responsabilité de la crise syrienne pèse sur les USA et leurs alliés 

Or, alors que l'intégralité de l'interview en russe se trouve sur le site de TF1, les journalistes de la chaîne ont choisi de diffuser, pour le journal de 20 heures, une sélection de sujets assez chaotique. Certes, ils n'ont pas négligé les thèmes tels que la visite du dirigeant russe annulée à Paris, sa réaction aux accusations de crimes de guerre et les bombardements à l'est d'Alep. Cependant, bien qu'il y ait bien d'autres questions à soulever, la chaîne a vite passé… à ce que Poutine pensait de Donald Trump.

Donc, le reste de l'interview a-t-il paru moins important aux journalistes de TF1 ? Vladimir Poutine dit savoir qui a frappé le convoi humanitaire près d'Alep, et il dit que ce serait un groupe terroriste et que les États-Unis seraient au courant… Pas intéressant ! Il explique pourquoi la Russie n'est pas responsable de la crise migratoire que l'Europe a subie, en réponse à ces nouvelles idées circulant dans des médias occidentaux depuis quelques temps. Il dévoile une proposition extraordinaire qui a été faite à la Russie pour protéger la route avec des soldats russes ou le convoi humanitaire passera. Il revient sur le dernier cessez-le-feu en Syrie, il explique pourquoi et par qui, selon lui, il n'a pas été respecté. Intéressant ? Assez, si on a envie de connaître le point de vue du président russe sur une question sensible plutôt que savoir s'il aime bien Trump…

Pour les curieux, Sputnik vous présente les extraits qui ne sont pas parus sur TF1 au journal de 20 heures.

« Nous ne pouvons pas permettre aux terroristes de faire des populations un bouclier humain » 

Les terroristes pilonnent l'ouest d'Alep à l'aide du «feu de l'enfer» 

Pour décrire l'ampleur des atrocités aujourd'hui, le président russe a tenu à rappeler entre autres une frappe contre un hôpital de Médecins sans frontières en Afghanistan, puis une frappe plus récente au Yémen. «

Maintenant, concernant l'aspect humanitaire autour d'Alep. Est-ce que nous avons donc oublié comment l'aviation américaine avait frappé un hôpital en Afghanistan en tuant notamment le personnel de Médecins sans frontières ? Des centaines de personnes, d'invités à des fêtes de mariage, ont été supprimées en Afghanistan. Et aujourd'hui qu'est-ce qui s'est passé au Yémen ? Une seule frappe et 170 personnes tuées et 500 blessées lors d'une cérémonie funèbre », a fustigé M. Poutine.

« Partout où ont lieu les combats, malheureusement les personnes absolument innocentes meurent et souffrent. Mais nous ne pouvons pas permettre aux terroristes de faire des populations un bouclier humain et ne pouvons pas leur permettre de faire chanter le monde entier lorsqu'ils prennent quelqu'un en otage, lorsqu'ils tuent, lorsqu'ils décapitent », a-t-il poursuivi. « Si nous voulons mener le combat contre le terrorisme jusqu'au bout, il faut les combattre et non pas se laisser mener par la bride, ne pas s'incliner et ne pas reculer ». 

La trêve en Syrie 

« Tout récemment, nous nous sommes mis d'accord sur le fait qu'un cessez-le-feu serait déclaré, sur un jour D comme disaient nos amis américains. J'ai insisté pour qu'ils résolvent d'abord le problème de séparation du Front al-Nosra et des autres terroristes de la partie saine de l'opposition et qu'après ça, on décrète un cessez-le-feu », a commencé le président.

Pourtant, les États-Unis ont affrimé qu'il fallait d'abord déclarer un cessez-le-feu et qu'après ils allaient résoudre le problème de séparation entre les terroristes et les non-terroristes.

« Finalement, nous avons accédé à leurs désirs, nous avons accepté et le 12 septembre a été décrété jour de silence, d'arrêt des combats. Mais le 16 septembre, l'aviation américaine a frappé l'armée syrienne en faisant 80 morts ». 

La frappe de la coalition internationale dirigée par les USA 

« Au même moment, tout de suite après la frappe aérienne, Daech — là il s'agit déjà de Daech — est passé à l'offensive sur ce tronçon-là. Nos collègues américains nous ont dit que c'était une frappe par erreur. Mais cette erreur a conduit à la mort de 80 personnes. C'est la première chose. Et la deuxième chose, c'est que c'est peut-être aussi par hasard que Daech est passé à l'offensive tout de suite après ces frappes », a fait remarquer M. Poutine.

En même temps, au niveau le plus bas, au niveau opérationnel, un militaire américain a raconté qu'ils avaient préparé cette frappe pendant plusieurs jours. Comment est-ce qu'ils ont pu frapper par erreur s'ils l'avaient préparé pendant plusieurs jours ?, s'est interrogé le président.

« Nos accords de cessez-le-feu ont donc été compromis. Qui les a compromis ? Est-ce que c'est nous ? Non ». 

La situation humanitaire à Alep 

« Nous tous, en revenant à Alep, parlons de la nécessité de faire passer les convois humanitaires. Tout le monde essaye de nous convaincre qu'il faut le faire. Mais il ne faut pas nous convaincre, nous sommes du même avis, nous pensons qu'il faut organiser un convoi humanitaire. Mais comment le faire ? Il n'y a qu'une seule route que les convois doivent emprunter. D'un côté il y a des combattants, de l'autre les forces de l'armée syrienne. Nous savons déjà qu'il y a eu une provocation, qu'un de ces convois a été frappé, et nous savons au juste que ça a été fait par un des groupes terroristes »

Moscou reçoit une «offre exotique» pour assurer la sécurité des frets humanitaires à Alep 

Puis, face aux propositions russes de retirer les commandos d'un côté et l'armée syrienne de l'autre pour laisser le passage libre sur cette route aux convois humanitaires, le chef d'État russe a mentionné la « proposition exotique » que Moscou a reçue.

« Et puis on nous fait une proposition exotique. Je vais vous étonner, vous et vos spectateurs. On nous propose que nos forces armées, les militaires de l'armée russe se dressent sur cette route pour garantir la sécurité. Nos militaires, gens courageux et résolus, sont venus me dire : d'accord, nous sommes prêts. J'ai dit : non, si nous le faisons, nous le faisons avec les Américains, proposez-le-leur. Nous l'avons proposé, eux [les Américains] ont tout de suite refusé, ils ne veulent pas se dresser, ils ne veulent pas retirer les unités de combat de ces groupes d'opposition, de ces groupes terroristes. Que faire ? »

L'accord avec Bachar al-Assad 

Poutine dit savoir qui a frappé le convoi de l'Onu près d'Alep 

«  Nous nous sommes mis d'accord avec le président Assad, il a accepté d'emprunter la voie de l'adoption d'une nouvelle constitution et à organiser des élections sur la base de cette constitution. Or, on ne parvient à en convaincre personne », a déploré M. Poutine.

Si le peuple ne vote pas pour le président Assad, le pouvoir sera changé par voie démocratique, et ceci non pas au moyen d'ingérence armée extérieure, mais sous un strict contrôle international, sous le contrôle de l'Onu.

« Je ne comprends pas que cela puisse ne pas arranger qui que ce soit : c'est un instrument démocratique de règlement du problème du pouvoir. Cependant, nous sommes toujours optimistes et nous espérons réussir à persuader nos collègues et partenaires que c'est l'unique moyen de régler le problème ». 

Crise migratoire 

Le dirigeant russe n'a pas non plus négligé un problème qui agace, mais persiste toujours, irrésolu : l'afflux de migrants en Europe.

« Souvenons-nous que le problème des réfugiés est apparu bien avant que la Russie ait commencé à faire des efforts en vue de normaliser et stabiliser la situation en Syrie. L'exode massif des populations de cet énorme territoire du Proche-Orient et même de l'Afrique, de l'Afghanistan, il a débuté bien avant nos activités en Syrie ». 

« Toute accusation contre la Russie selon laquelle elle porterait la responsabilité du problème des réfugiés est absolument infondée. Notre objectif consiste justement à faire en sorte de créer les conditions de retour des gens chez eux », a résumé M. Poutine.

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Assad sur la SRF: il faut chasser les "terroristes" d'Alep
Le 19 octobre 2016 - La Liberté

En dépit de la courte trêve humanitaire annoncée pour jeudi à Alep, le président syrien Bachar al-Assad réaffirme que son armée a l'obligation de protéger les civils et d'évincer les terroristes d'Alep. Il s'exprimait dans une interview à la télévision alémanique SFR.

"Mais comment pouvez-vous les protéger quand ils sont sous le contrôle des terroristes ? (...) Nous devons attaquer les terroristes, cela va de soi", ajoute-t-il dans cet entretien diffusé en version intégrale mercredi soir. Un extrait avait été diffusé dans la journée déjà sur le site de la télévision publique alémanique.

Le régime syrien a pour habitude d'utiliser le terme de "terroriste" pour désigner tous les rebelles, pas uniquement les combattant djihadistes. "Si vous avez quelqu'un qui porte des mitraillettes ou d'autres armes et qui tue des gens, sous quelque motif que ce soit, ou qui commet du vandalisme et détruit des biens publics ou privés, alors c'est un terroriste", explique Bachar al-Assad.

Selon lui, on ne peut pas parler d'opposition dans ces cas-là. En revanche, la Syrie a bel et bien une opposition "libre et véritable", ajoute le président. Cette opposition existe, "vous pouvez la rencontrer et la filmer".

Pas un criminel de guerre

L'armée du régime syrien a intensifié son offensive sur la ville d'Alep avec le soutien de la Russie et de l'Iran. La situation de la population dans cette métropole du nord du pays est devenue intenable. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon - entre autres - a parlé de crimes de guerre.

Un terme que Bachar al-Assad réfute. Il se réfère au droit international qui autorise la Syrie à se défendre contre des "terroristes", qui ont "pénétré sur le territoire syrien en tant que représentant d'autres pays".

Si des millions de personnes fuient la Syrie, ce n'est pas à cause de sa personne, affirme Bachar al-Assad, mais en raison des "activités" des "terroristes". Ceux-ci tuent les gens et paralysent la vie dans le pays par des attaques sur les infrastructures dans "tous les secteurs d'acitivité".

Le chef de l'Etat syrien pointe aussi du doigt l'embargo "de l'Occident", qui force les habitants à aller chercher leurs moyens de subsistance à l'extérieur du pays.

"Il y a toujours des erreurs"

Interrogé sur les bombardements d'hôpitaux à Alep, qui ont fait ces dernières semaines de nombreuses victimes civiles, M. Assad rejette toute responsabilité. On ne peut tenir plus de cinq ans dans "une guerre si cruelle" et en même temps tuer ses propres citoyens. Sinon, on perd cette guerre en tant que gouvernement.

Le droit international humanitaire doit être respecté, mais il y a toujours des erreurs. Le président syrien reconnaît que des civils innocents ont péri à Alep et déplore ces victimes. Mais chaque guerre est une mauvaise guerre, plaide-t-il.

Il balaie une autre accusation, celle d'avoir utilisé des armes chimiques. Il n'y a "pas l'ombre d'une preuve", affirme-t-il. Même dénégation sur le largage de barils d'explosifs: "C'est une allégation de l'Occident pour démontrer que nous tuons des civils sans discernement".

Autre sujet polémique: la torture dans les prisons syriennes, dénoncée par Amnesty International qui avance le nombre de 18'000 morts. Pour M. Assad, de tels rapports ne sont ni "indépendants" ni "impartiaux". Quant à accorder un éventuel accès du Comité international de la croix Rouge (CICR) aux prisons, le sujet n'a pas encore été discuté à l'interne.

Solution diplomatique

Bachar al-Assad assure qu'il croit toujours à une solution diplomatique au conflit. Un dialogue est possible, mais uniquement avec des partis politiques et des combattants prêts à déposer les armes. Il n'est pas possible en revanche de négocier avec des groupes terroristes comme al-Qaida, al-Nosra ou l'Etat islamique (EI).

La trêve de quelques heures annoncées pour jeudi à Alep est "un pas important" afin d'acheminer de l'aide humanitaire aux habitants des différents quartiers de la ville, estime le président. De plus, les civils devraient avoir la possibilité de se déplacer vers des "zones contrôlées par le régime".

Sûr de la victoire

M. Assad s'est dit certain de gagner la guerre. "Si tu n'y crois pas, tu perds. C'est une part importante de la guerre que de croire à la victoire. C'est donc une évidence: il faut tout simplement y croire."

L'interview avec le président syrien s'est déroulée mardi à Damas, a indiqué la SRF. Le ministère syrien de l'information a fixé la durée de l'entretien et exigé qu'il soit diffusé en Suisse dans son intégralité. Il n'y a pas eu de censure, toutes les questions ont été admises.


MAJ : Interview en anglais, transcription entière et traduction française par Arrêt sur Info


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Asma el-Assad : «C'est l'Occident qui divise nos enfants dans ce conflit» 
Le 18 octobre 2016 - RTFrance

En pleine crise humanitaire, la première dame de Syrie, élevée au Royaume-Uni, Asma el-Assad, a accordé une interview exclusive au média russe Rossiya 24, rompant ainsi un silence qui a duré huit ans.



L'épouse de Bashar el-Assad commente la couverture du conflit syrien par les médias occidentaux

«Pourquoi les destins des enfants du village de Zara n’ont pas été mis en lumière dans les médias comme cela a été le cas d’Aylan et d’Omar ? Les médias occidentaux ont décidé de se concentrer sur ces tragédies car elles correspondaient à leur agenda. C’est l’Occident qui a divisé nos enfants qui prennent part au conflit en fonction des orientations politiques de leurs parents. Aylan était un enfant syrien, ce en quoi ses parents croyaient n'est pas très important, et il en va de même pour Omar et tous les autres enfants innocents du village de Zara. Ils sont tous des enfants innocents, et leur mort est une perte pour la Syrie», a déclaré Asma el-Assad dans une interview exclusive accordée à Rossiya 24, la première depuis près de huit ans, au cours de laquelle elle a évoqué les conditions de vie des enfants syriens.

Interrogée sur les raisons pour lesquelles les médias occidentaux s'obstinent à montrer une couverture biaisée de la situation en Syrie, et notamment de la crise humanitaire, l'épouse de Bachar el-Assad a ainsi rapporté les cas de nombreux enfants blessés ou tués, dont la disparition est passée sous silence dans les principaux médias.

Reuters par exemple, aurait ainsi rapporté qu'aucune victime n'était à déplorer dans le village de Zara, alors qu'RT a recueilli le témoignage de civils attestant de la mort de personnes âgées, et de l'enlèvement de femmes et d'enfants par des terroristes.

Afin de démonter la manipulation de l'information, visant à susciter une l'indignation choisie, la première dame syrienne est alors revenue sur la médiatisation de certaines victimes plutôt que d'autres, se demandant pourquoi la photo du petit Aylan, noyé tragiquement avait plus suscité l'émoi international que les victimes du terrorisme.

Indignation sélective

Selon elle, il s'agirait pour les médias occidentaux, de choisir avec précaution les victimes a mettre en valeur, afin de servir un agenda, dont la finalité ultime serait la manipulation de l'opinion. 

«On a déjà beaucoup parlé de la situation humanitaire en Syrie. Mais il est difficile de décrire toute la gravité de la situation. Les gens déplacés, la misère, les maladies, les souffrances – c'est sans précédent. L’ironie est que les médias occidentaux préfèrent se focaliser uniquement sur la difficile situation dans laquelle se trouvent les réfugiés et les gens qui vivent sur les territoires contrôlés par les groupes armés, tandis que la majorité des gens déplacés habitent [sur le territoire contrôlé par le gouvernement]. Et ces gens sont aussi importants que les autres», a ajouté la première dame de Syrie.

«L'aide humanitaire ne devrait pas être conditionnée par la géographie, l'orientation politique ou les croyances religieuses», martèle-t-elle. «Cette aide ne peut pas être conditionnée par des agendas politiques». 

De nationalité britannique et syrienne, Asma el-Assad est née à Londres de parents d'origine syrienne. Après des études à King's College, dans la capitale britannique, elle épouse le futur président syrien, Bachar el-Assad. Le couple a trois enfants : Hafeez, Zein et Kareem. 

Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2012, la première dame se fait discrète. En 2013, après que des rumeurs aient fait circuler le bruit qu'elle avait fui la Syrie, elle est brièvement reparu en public pour contrer ces fausses accusations. 


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Les bombes américaines, françaises, saoudiennes ne tuent pas de civils !
Par Robert Charvin, le 12 octobre 2016 - Investigaction
 
Lors de la Première Guerre mondiale, 5% des victimes étaient civiles ; aujourd’hui 90% des victimes des conflits armés sont des civils. Ces populations sont assassinées, affamées, déplacées, pillées. Les civils sont devenus, de plus en plus, des moyens de faire la guerre.

Cette situation est paradoxale. Le droit humanitaire s’est développé et jamais la question des droits de l’homme n’a été aussi systématiquement posée dans l’ordre international. Des tribunaux pénaux chargés de sanctionner les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ont même été créés. Plus globalement, l’ « Humanitaire » jouit d’une image sacrée fortement médiatisée au point qu’exprimer un doute sur une culpabilité entraîne une suspicion de complicité criminelle sur celui qui l’émet !

Au-delà des invocations sans portée et ne témoignant qu’une compassion officielle, les Puissances violent à tour de rôle le droit humanitaire et les populations civiles sont massacrées lors de chaque conflit armé. Ces dernières décennies, il y a même une fuite en avant : refus du principe de négociation pour tenter de prévenir les conflits armés, transformation d’affrontements civils en guerres internationales infiniment plus destructrices, impunité de certains et sanctions contre d’autres, indifférence aux dispositions de la Charte des Nations Unies, etc.

Le comble est atteint lorsque ceux qui tuaient hier s’autoproclament juges de ceux qui tuent aujourd’hui, ou lorsque ceux qui eux-mêmes bombardent sans scrupule s’indignent des bombardements des autres !

L’actualité est révélatrice de ce délire à prétention moralisatrice !

On se souvient peut-être encore des destructions massives subies par les populations de Dresde, Hambourg, Hiroshima, Nagasaki puis, après la Seconde Guerre mondiale, de l’écrasement total sous les bombes de Pyong Yang (durant la guerre de 1950-1953), de Hanoï et de la totalité du Vietnam, etc., « quadrillée » par les B52 américains.

Plus proches de nous, on peut rappeler les bombardements de Belgrade, de l’Irak et les attaques contre Bagdad, les huit mois de guerre contre la Libye, les bombardements de Gaza matraquée par Israël, etc.

Pour excuser le fait que les bombardements tuaient des civils, les médias occidentaux dénonçaient le fait que l’ennemi et les populations civiles, « prises en otages », étaient mêlés…., l’essentiel étant cependant que les forces militaires alliées ne subissent pas de pertes importantes.

Surviennent le cas syrien et l’intervention de la Russie dans un « jeu » étrange de complicité objective des Occidentaux avec les Islamistes. Après quatre années d’une fausse guerre contre Daech, installé sur le territoire syrien, l’intervention russe a modifié les données.

La France et les États-Unis ne peuvent plus atteindre l’objectif principal : liquider le régime de Damas en se servant des forces islamistes installées solidement dans différentes villes, en particulier à Alep. En quelques mois, sur le terrain, les rapports de force se sont inversés. Les États-Unis ont même été conduits à intensifier parallèlement leurs efforts militaires contre Daech en Irak et les « préoccupations » humanitaires des autorités françaises sont devenues prioritaires !

Le « scandale » est que la Russie n’accepte plus que les « frontières » de l’OTAN s’avancent jusqu’à elle et que seules les bases militaires occidentales soient fondées à encercler les États censés être hostiles !

A propos d’Alep, l’ONU a proposé que les Islamistes quittent sous protection les quartiers de la ville où ils sont installés pour que les populations civiles soient épargnées. Mais les Puissances occidentales, subitement devenues « humanitaires » à l’approche de la défaite de leur stratégie, dénoncent seulement « Damas et son allié russe » qui bombardent Alep et ceux qu’elles qualifient opportunément non plus d’islamistes mais de « rebelles » ! (*)

C’est que des intérêts stratégiques de grande importance sont en jeu : au-delà du pétrole, la Syrie est une zone de transit de l’énergie depuis la découverte en Méditerranée de ressources pétrolières et gazières. Selon les Occidentaux et le gouvernement français en particulier, la Syrie comme l’Irak et comme la Libye devraient demeurer sous un « néo-protectorat ».

Par contre, il n’y a pas de réaction hostile à la guerre menée par l’Arabie Saoudite au Yémen, si ce n’est un bref communiqué appelant à la « retenue » pour un bombardement saoudien du début du mois d’octobre faisant à lui seul 600 victimes (morts et blessés) civiles !

La reprise de Mossoul par les États-Unis et les forces de Bagdad se fera certainement sans perte civile car les bombes occidentales ont pour qualité exceptionnelle de distinguer les ennemis armés des civils désarmés !

Sera-t-il possible un jour de s’inspirer tout simplement de la Charte des Nations Unies qui interdit aux États le recours à la force armée et qui recommande la recherche de solutions politiques négociées, seules méthodes pour que les civils soient réellement en sécurité ?

* Ces « rebelles » opposés au régime de Damas sont armés par les États-Unis depuis 2013 et financés par l’Arabie Saoudite, en plus des revenus provenant du trafic pétrolier.

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Deux poids deux mesures pour Israël et la Syrie
Par Rick Sterling, le 6 octobre 2016 - Strategic Culture / Le Saker francophone (trad.)

Il y a une attitude hypocrite dans la politique étrangère occidentale et en particulier celle des États-Unis. En ce qui concerne Israël, les États-Unis sont prompt à déclamer qu’«Israël a le droit de se défendre». Pour la Syrie, ce même droit ne semble pas exister.

Quand Israël a exécuté ses campagnes de bombardement intense contre Gaza en 2008, 2012 et 2014, les États-Unis ont justifié les attaques. Aux Nations unies, le 18 juillet 2014, leur ambassadrice, Samantha Power, a déclaré : «Le président Obama a parlé avec le Premier ministre Netanyahou, ce matin, pour réaffirmer le fort soutien des États-Unis au droit d’Israël à se défendre […] Les attaques du Hamas sont inacceptables et seraient inacceptables pour tout État membre de l’Organisation des Nations Unies. Israël a le droit de défendre ses citoyens et de prévenir ces attaques.»

Israël a affirmé qu’il répondait simplement par légitime défense. Le groupe de défense des droits de l’homme, BtSelem rapporte qu’au cours de la décennie entre juin 2004 et juillet 2015, les Palestiniens ont lancé plus de 8700 roquettes et 5000 mortiers depuis Gaza vers Israël. Mais le nombre total de civils tués en plus de 10 ans était de 28, soit une moyenne de moins de trois personnes par an. En utilisant cela comme une justification, Israël a attaqué par air et par terre, envahissant Gaza pendant ces années et provoquant beaucoup plus de victimes palestiniennes. Par exemple, les attaques israéliennes sur Gaza de l’été 2014 ont tué plus de 2 000 habitants de Gaza, en grande majorité des civils, dont beaucoup d’enfants.

Avec si peu de morts et de dégâts causés par les roquettes à partir de Gaza, il semble que les Palestiniens les ont lancées comme autant de symboles de protestations contre la répression israélienne. L’économie de Gaza est extrêmement restreinte, les frontières sont fermées et même le ciel et l’océan sont hors d’atteinte. Beaucoup de gens diraient qu’Israël maintient l’ensemble de la population de Gaza dans des conditions analogues à celles d’une prison. En outre, de nombreux habitants de Gaza sont des descendants de réfugiés des villes et des villages israéliens voisins. En vertu des Conventions de Genève et la résolution 194 de l’ONU, ils ont le droit de revenir, mais en ont été privés en plus de la plupart de leurs autres droits.

En résumé, les Palestiniens ont lancé des roquettes et des mortiers pour protester contre la politique d’occupation et d’apartheid israéliens. Les Palestiniens ne cherchent pas le renversement de l’État d’Israël, mais plutôt la reconnaissance de leurs droits et la fin de l’occupation. Les victimes de roquettes ont été peu nombreuses. En réponse, l’Occident a donné à Israël un laissez-passer virtuel pour attaquer les Palestiniens à Gaza et bombarder des zones urbaines densément peuplées, où il y a forcément d’énormes pertes civiles.

Le caractère disproportionné de ces attaques israéliennes suggère que le gouvernement israélien ne se défend pas ; il punit une population captive et sans défense.

L’État syrien subit une véritable attaque

La situation en Syrie est radicalement différente. L’opposition armée en Syrie a infligé un grand nombre de morts et de sérieux dégâts en cinq ans de campagne pour renverser le gouvernement. Les données de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, pourtant favorable à l’opposition, indiquent ce chiffre de victimes depuis mars 2011: les forces pro-gouvernementales (armée et milices) – 105 000; les forces anti-gouvernementales – 101 000; les civils – 86 000.

Ces chiffres révèlent l’intensité de la violence et combien les critiques jugeant le président Bachar al-Assad et le gouvernement syrien coupables de tous les morts sont inexactes. Comme le montrent ces chiffres, les soldats et les milices qui défendent l’État constituent le plus grand nombre de victimes.

Le conflit à Alep fait actuellement la une des nouvelles. Alep était la plus grande ville de Syrie et son moteur industriel et financier. La plus grande et la plus efficace force d’opposition à Alep est une filiale d’al-Qaïda, le front al-Nusra, reconnu comme organisation terroriste, même par les États-Unis, et n’a jamais fait partie du « cessez le feu. » Il y a d’autres factions et groupes de défense à Alep qui cherchent à détruire l’État syrien. La plupart de ces groupes sont explicitement des sectaires wahhabites, hostiles à la laïcité, au christianisme et aux religions islamiques modérées.

L’opposition en Syrie est lourdement équipée en armes, en munitions et en explosifs. Elle tire quotidiennement des missiles sur l’ouest d’Alep, tuant au hasard dans cette partie de la ville contrôlée par le gouvernement. Les voitures piégées ont tué des milliers de civils et de soldats. Les bombes placées dans les tunnels en ont tué des milliers d’autres.

Alep a été relativement calme jusqu’à l’été 2012, lorsque des milliers de combattants armés ont envahi et occupé des quartiers dans la partie orientale de la ville. Les rebelles ont été détestés par la majorité de la population dès le début. Ceci a été documenté, même par des journalistes occidentaux tels que James Foley et Stephen Sotloff, qui sont allés là-bas dans un esprit favorable à l’opposition (Foley et Sotloff ont ensuite été capturés et décapités par les djihadistes d’État islamique).

Martin Chulov du Guardian décrit les quartiers est d’Alep en 2015 et estime sa population à seulement 40 000 personnes. À l’opposé, une large population d’environ 1,5 million de Syriens vit dans le reste de la ville. C’est le reflet de la réalité : la grande majorité des Syriens soutient le gouvernement et a la haine des terroristes. Même ceux qui critiquent le parti Baas et qui veulent des réformes, mais pas la violence et la destruction. Ce fait important est généralement ignoré par les médias occidentaux (la situation actuelle dans l’ouest d’Alep est décrite ici par la journaliste Eva Bartlett).

Contrairement aux guerres périodiques israéliennes contre Gaza, le gouvernement syrien est vraiment en train de se battre pour se défendre, lui et sa population civile, contre une opposition armée qui est violente, sectaire et impopulaire auprès de la grande majorité des Syriens.

Ajoutant à la légitimité du gouvernement syrien à se défendre, l’opposition armée en Syrie a été fortement soutenue par des gouvernements étrangers. Les États occidentaux et leurs alliés du Golfe ont fourni des armes, de la formation, du soutien logistique et des salaires à plusieurs milliers de combattants. Al Jazeera du Qatar a désinformé, raconté des histoires fabriquées et des rapports fortement biaisés, dès le début.

Les mêmes gouvernements ont été complices du recrutement et du transfert en Syrie de milliers d’étrangers venant de toutes les régions du globe. Les gouvernements européens, nord-américain et australien «regardaient de l’autre côté» pendant que leurs citoyens étaient recrutés et voyageaient jusqu’en Syrie, via la Turquie, pour rejoindre EI ou al-Nusra. Selon une étude, plus de 12 000 étrangers, dont 3 000 en provenance d’Europe et d’Amérique du Nord, se sont rendus en Syrie au cours des trois premières années du conflit. C’était avant qu’EI ait atteint sa gloire. Ce n’est que l’année dernière, suite aux actions terroristes en Occident, que les gouvernements occidentaux ont commencé à arrêter et détenir les recrues et les recruteurs.

Violer la loi internationale

La situation en Syrie est plus extrême, mais garde quelques similitudes avec la situation au Nicaragua dans les années 1980, lorsque l’administration Reagan a secrètement fourni armement et financement aux Contras, une armée rebelle qui a infligé la mort et la destruction dans certaines régions du Nicaragua. Le 27 juin 1986, la Cour internationale de justice a statué:

«Les États-Unis d’Amérique, en formant, en armant, en équipant, en finançant et en approvisionnant les forces Contras ou, autrement dit, en les encourageant, les appuyant et les aidant à exercer leurs activités militaires et paramilitaires au Nicaragua, ont agi contre la République du Nicaragua, en violation de leur obligation, en vertu du droit international coutumier, de ne pas intervenir dans les affaires d’un autre État.»

Le tribunal a également décidé que le États-Unis devraient des réparations au Nicaragua, pour le préjudice causé par ses violations du droit. Les États-Unis ont ignoré la décision et, plus tard, se sont retirés de la juridiction de la Cour internationale de Justice.

L’ancien ministre des Affaires étrangères du Nicaragua et ancien président de l’Assemblée générale des Nations unies, le père Miguel D’Escoto, a écrit : «Ce que le gouvernement des États-Unis est en train de faire en Syrie équivaut à une guerre d’agression, qui, selon le Tribunal de Nuremberg, est le pire crime possible qu’un État peut commettre contre un autre État.» (Correspondance personnelle citée avec autorisation).

Certains gouvernements étrangers qui cherchent à «changer le régime» à Damas ont versé d’énormes sommes d’argent dans ce qu’on appelle le «soft power», par le biais du financement d’un éventail d’organisations portant des noms à consonance agréable, pour contrôler le récit et influencer l’opinion publique.

Par exemple, le Syrian Justice and Accountability Center, créé par la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, pour se préparer à la justice du vainqueur. Ou le Syrian Network for Human Rights, qui ignore en grande partie les décès de soldats syriens et milite pour une intervention US/OTAN. Ou encore le Syrian Civil Defense, également connu sous le nom de Casques blancs, un groupe de soutien à al-Qaïda / al-Nusra, mais surtout un outil de lobbying politique militant activement pour une intervention US/OTAN.

Toutes ces organisations, et beaucoup d’autres, sont dites «syriennes» et «indépendantes». Mais elles ont toutes été créées après le début du conflit et sont tous financées par des gouvernements étrangers qui cherchent à renverser le gouvernement syrien.

Celles-ci, comme d’autres organisations, soutiennent l’opposition de diverses manières, diabolisent le gouvernement syrien et idéalisent l’opposition. Elles font partie de la raison pour laquelle beaucoup de gens dans le monde croient que les manifestations anti-gouvernementales de 2011 ne sont devenues violentes qu’à la suite de manifestations pacifiques ayant été brutalement écrasées, ce qui est faux. Sept policiers ont été tués au cours des premières manifestations, à Deraa. Suivis par des dizaines de soldats massacrés à Deraa et Banyas à la fin mars et en avril 2011.

En justifiant la poursuite des violences «rebelles», ce «soft power» agit de concert avec un «hard power», le pouvoir militaire. Par exemple les Casques blancs, qui étaient à l’origine nommés Syrian Civil Defense, ont commencé avec un sous-traitant militaire formant des Syriens en Turquie. Ce groupe a ensuite été rebaptisé les «Casques blancs» par une société de marketing de New York appelée The Syria Campaign. Depuis lors, la marque «kiss cool» des Casques blancs a été fortement promue.

Comme mesure du succès de sa commercialisation, les Casques blancs ont récemment remporté le Right Livelihood Award pour 2016 et sont même nominés pour le Prix Nobel de la Paix. Ironie du sort, il y a une VRAIE Syrian Civil Defense opérant depuis 1953 et de VRAIS Casques blancs, les Cascos Blancos argentins, qui ont reçu bien peu de publicité comparés aux branchés «Casques blancs», créés et promus par ce cabinet de relations publiques de l’ombre. Seulement une image de propagande déchirante, conçue pour justifier une opération militaire américaine en Syrie contre le gouvernement syrien.

Le soft power déforme la réalité de ce conflit. Ainsi, on ne nous dit pas que le gouvernement syrien se défend contre des terroristes, mais que le «régime Assad» «cible les hôpitaux et les marchés civils». Ces revendications sont-elles vraies ? Mon enquête sur les allégations concernant «l’hôpital Al Quds», soutenu par Médecins Sans Frontières en avril 2016, a révélé que les accusations étaient pleines de contradictions, d’incohérences et d’affirmations non vérifiées.

L’«hôpital» était un bâtiment non signalé ; les dégâts n’étaient pas précisés ; le nombre de décès variait énormément et n’a pu être vérifié. La preuve photographique, fournie par les omniprésents Casques blancs, était douteuse. L’enquête a abouti à une lettre ouverte à MSF. Jusqu’à présent, ils ont échoué à corroborer ou documenter leurs accusations.

Médecins Sans Frontières continue d’émettre des messages politiquement biaisés. Leur tweet du 2 octobre à propos d’un «bain de sang dans l’est d’Alep» a conduit à de fausses accusations, prétendant que deux adolescents avaient été tués par les bombardements de l’État syrien, alors qu’ils ont été effectivement tués, mais par des attentats terroristes.

Actuellement, l’Union des soins médicaux et des organismes de secours (UOSSM), financée par la France et d’autres pays, a été à l’avant-garde en accusant la Syrie et la Russie de bombarder intentionnellement un hôpital souterrain. Est-ce une histoire véridique ou de la simple propagande ? Les Russes et les Syriens tentent de combattre les terroristes; pourquoi gaspilleraient-ils des ressources et généreraient-ils de la publicité négative en attaquant un hôpital ? Les rapports semblent être basés sur des conversations par téléphone ou par Skype avec des sources de fiabilité inconnue.

Le récit promu par le «soft power» est que le gouvernement syrien est une dictature impopulaire dominée par le groupe religieux alaouite. Est-ce exact ? Au contraire, les ministères clés, notamment la Défense et les Affaires étrangères, sont détenus par des dirigeants sunnites. La majorité de l’Armée arabe syrienne est sunnite. Les visiteurs de la Syrie rencontrent facilement des mères qui sont fières de leurs fils morts en défendant leur pays contre le terrorisme soutenu par l’étranger.

Le récit promu par le «soft power» est que le soulèvement syrien était en grande partie progressiste, laïque, et à la recherche de la démocratie. Ce mythe rationalise le soutien à une guerre pour un  «changement de régime» contre la Syrie, mais il est contredit par la Defense Intelligence Agency états-unienne. Dans un rapport classifié d’août 2012, la DIA a analysé le conflit comme suit : «Les salafistes [sic], les Frères musulmans et al-Qaïda en Irak, maintenant connu comme EI ou État islamique, sont les forces principales menant l’insurrection en Syrie.»

Le soft power en Syrie a impliqué la création et le financement de groupes syriens qui véhiculent un message de soutien aux objectifs de «changement de régime». Par exemple, il y a un groupe dans la ville de Kafranbel, qui affiche chaque semaine une bannière rédigée en anglais. Le message est fourni au groupe par une source étrangère et le groupe tient la bannière pour être photographié avec, et posté sur les médias sociaux occidentaux. La plupart des habitants n’ont probablement aucune idée de ce qu’il y est écrit.

Puis il y a l’Aleppo Media Center, qui crée des vidéos pour influencer le public occidental, et les Casques blancs mentionnés précédemment. Ces groupes créés par les Occidentaux sont les exemples de la «révolution syrienne» par ceux qui promeuvent ce récit. Quel genre de «révolution» est-ce, pour être en contrat avec le Département d’État des États-Unis ?

La situation actuelle et la crise à venir

Le gouvernement syrien, avec le soutien de la majorité des Syriens, est en train de faire de son mieux pour se défendre contre une attaque financée par certains des pays les plus riches et les plus puissants au monde. Les milices populaires et l’armée syrienne ont subi d’énormes pertes, mais avancent quand même. L’année dernière, la Russie a fourni un appui aérien crucial. Contrairement à l’invasion de la terre syrienne et de son espace aérien par les États-Unis, l’intervention russe est en conformité avec le droit international, car elle fait suite à une demande d’assistance du gouvernement internationalement reconnu de Syrie, alors que le gouvernement américain et ses alliés n’ont pas une telle autorisation.

Actuellement, le gouvernement syrien et ses alliés cherchent à virer al-Nusra et les autres groupes terroristes de l’est d’Alep. Si c’est un succès, ils pourraient alors se concentrer sur EI à Raqqa et sur les terroristes restants dans les autres régions du pays. Contrairement à Gaza densément peuplée, il reste très peu de civils dans les zones d’Alep détenues par l’opposition, la plupart étant partis. Bien que des victimes civiles se produisent dans toutes les guerres, il n’y aurait aucun sens à ce que l’armée syrienne cible des civils. Au contraire, le gouvernement a ouvert des couloirs pour permettre aux civils et aux combattants de quitter Alep.

En grande partie non reporté en Occident, le gouvernement syrien a un programme de réconciliation active, qui permet aux anciens hommes armés de se déplacer vers une autre région ou de se réintégrer dans la société. Il a été utilisé avec succès pour nettoyer les derniers bastions terroristes d’Al Waer près de Homs et de Darraya près de Damas. Plusieurs milliers de combattants syriens ayant été contraints ou soudoyés pour se joindre à l’opposition ont déposé leurs armes, signé un accord et rejoint la société.

En contraste avec la frénésie et la panique dans les médias occidentaux et les milieux politiques, il y a un optimisme et un espoir croissant parmi la grande majorité des gens dans Alep. Le journaliste syrien Edward Dark a récemment tweeté : «Alep sera bientôt libérée des djihadistes qui l’ont envahie et détruite. Après 4 ans d’enfer, son peuple va enfin connaître la paix.» Ils sont impatients de la défaite finale et de l’expulsion des terroristes qui ont envahi la ville en 2012.

Que pourront faire les ennemis étrangers de la Syrie pour empêcher cela? Vont-ils continuer et intensifier leur campagne, pour détruire la Syrie comme ils ont détruit l’Afghanistan, l’Irak et la Libye ? Sont-ils prêts à risquer une potentielle troisième guerre mondiale avec la Russie ? Le mois dernier, la Turquie a envoyé des troupes dans le nord de la Syrie et les États-Unis ont attaqué l’armée syrienne à Deir Ezzor, tuant au moins 62 soldats. Ils prétendent que c’était un accident, mais beaucoup pensent que c’était intentionnel.

Depuis l’effondrement du cessez-le-feu, la propagande du «soft power» s’est accélérée. Les accusations disant que les Syriens et les Russes ciblent les hôpitaux sont liées à de nouvelles campagnes de la part de médias sociaux pour «sauver Alep».

Deux choses sont claires :

– Le public devrait se méfier des histoires des médias reposant sur des revendications d’acteurs biaisées et non étayées par des preuves solides

– Le gouvernement syrien a le droit de se défendre contre des extrémistes violents financés par l’étranger et cherchant à le détruire.

Rick Sterling est un journaliste d’investigation et membre du Mouvement de Solidarité avec la Syrie


* * *

Guerre des mondes : les masques ont été arrachés en Syrie
Le 13 octobre 2016 – Oriental Review / Réseau International (trad.)

Au cours des dernières semaines, la bataille pour Alep a mis clairement en évidence le véritable cœur de la politique mondiale contemporaine. La duplicité de  l’attaque du 17 septembre contre les positions de l’armée arabe  syrienne près de Deir ez-Zor de l’US Air Force, les hurlements hystériques contre la Russie provenant du Pentagone, les menaces non déguisées du Département d’État américain contre le contingent russe en Syrie, le soutien candide des médias occidentaux au sujet de livraisons d’armes à des militants d’al-Nusra et le drame fantasmagorique qui a eu lieu au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies le 8 octobre, tout cela pointe sur une seule chose : il n’y a pas de coalition internationale contre Daesh – il n’y a que l’armée russe et ses alliés qui prennent position contre le terrorisme international utilisé comme un outil par les États-Unis et l’OTAN.

Les contours du plus grand conflit international d’aujourd’hui sont clairs.  Encore que ce n’est pas tout le monde qui en comprend le fond et les causes.

Le bons sens conventionnel qui voudrait que l’hégémon mondial en décrépitude ait été incapable d’exporter la «démocratie» dans une nation stable et se trouve maintenant dans une impasse n’explique en fait pas grand-chose. Mais pourquoi le point de cristallisation se fait-il autour de la Syrie, qui ne représente pourtant pas le pays le plus important dans le monde ? Pourquoi n’est-ce pas par exemple l’Égypte qui est attaquée, pays où les «combattants pour la démocratie» des Frères musulmans ont été incapables de consolider leur victoire et ont même dû céder le pouvoir à un gouvernement puissant, loin d’être pro-américain ?

Pourquoi la Russie est-elle désignée comme le pays agresseur ? Après tout, il n’y a pas si longtemps, la Russie était au bord de l’effondrement et n’est en aucun cas un concurrent important pour l’économie de l’Occident. Et pourquoi les États-Unis poussent-ils si fort à faire monter les enchères pour amener la planète au bord d’une troisième guerre mondiale ?

Et oui, bien sûr, de nombreux experts sur le Moyen-Orient peuvent débiter toute une liste de réponses possibles à tous ces «pourquoi». Mais après une analyse minutieuse, il devient clair que ce ne sont que leurs notes de bas de page qui en fait fourniront la principale raison.

Le premier et le plus fréquent argument cité est le facteur du pétrole et du gaz. Apparemment, l’excès de réserves de la Syrie a fait de ce pays un objectif convoité par l’Occident, qui – dans le sillage de l’Irak et de la Libye – pourrait mettre la main sur les hydrocarbures de la Syrie, après avoir éliminé le gouvernement local. Mais en fait, il n’y a que 2,5 milliards de barils de réserves prouvées de ce pétrole syrien, ce qui représente 0,1% du total mondial.

C’est nettement insuffisant pour expliquer le déclenchement d’une intervention terroriste en Syrie : si l’Occident n’était motivé que par le pétrole, il aurait été plus logique d’orchestrer une telle exportation de la démocratie au Venezuela, qui se trouve détenir 17,5% des réserves mondiales.

Certains supposent également que les raisons de l’agression pourrait remonter à 2009, avec le refus de Damas de permettre à un gazoduc, allant du Qatar à l’Europe, de franchir ses frontières . Mais cela aussi serait exagéré. Ce désaccord pourrait avoir été une motivation pour les Qataris, mais difficilement pour l’Occident. Ce projet de gazoduc était en lui-même tellement risqué qu’il peut peut-être avoir servi comme élément de bluff ou de prétexte, mais pas comme un motif sérieux pour lancer une campagne terroriste de plusieurs années contre Assad.

Il y a eu une tendance populaire ces dernières années à examiner tout conflit en fonction des traces de pétrole et de désigner les gisements d’hydrocarbures comme cause pour toutes les tribulations, mais c’est une simplification excessive, similaire à l’approche monétariste de l’économie, selon laquelle toutes les complexités des relations économiques sont évaluées exclusivement en termes de débits et crédits.

En ce qui concerne la politique mondiale cependant, le pétrole n’a de sens que comme un outil (bien qu’important) pour la sauvegarde des intérêts et pour atteindre des objectifs géopolitiques : Hitler avait désespérément tenté d’atteindre les champs de pétrole de Bakou, pas pour eux-mêmes, mais pour en couper l’accès à Moscou et donc porter un coup mortel à l’URSS.

Il est inacceptable de confondre les outils et les objectifs, car cela crée une distorsion de la vérité.

Beaucoup moins significatifs comme explication de la guerre en Syrie – qui est sur le point d’être engloutie dans un conflit mondial – sont les arguments citant, par exemple, les animosités légitimes internes au sein de la Syrie et dans la région, ou la propagation de l’islamisme et l’effondrement de l’État en Irak, un pays qui est maintenant un terrain fertile pour le développement de l’extrémisme, ou la confrontation entre sunnites et chiites, ou l’Arabie saoudite et l’Iran, ou la surpopulation dans la région, ou les pénuries d’eau, etc.

Tout cela, à des degrés variables, contribue bien sûr à la gravité du conflit, mais cela n’explique pas pourquoi les troupes de dizaines de pays – dont deux des plus puissants, les États-Unis et la Russie – sont actuellement actifs en Syrie.

Il y a une explication beaucoup plus convaincante de la lutte actuelle en Syrie, bien qu’elle ne soit pas considérée comme suffisamment académique.

La destruction totale de ce pays est d’une urgence vitale pour les élites supranationales afin d’entretenir un chaos permanent au Moyen-Orient, ce qui leur permettra de redéployer les forces de déstabilisation dans l’ensemble de l’Eurasie et de contribuer à renverser les autres centres de pouvoir économique – en particulier la Chine et la Russie.

Il est supposé que la Réserve fédérale ne peut pas survivre à une inondation de la dette, et la guerre en Syrie serait utilisée comme outil pour déstabiliser tous les concurrents dans cette épreuve de force économique.

En effet, l’économie chinoise a dépassé le PIB de l’Amérique en 2014, et il semblerait qu’entre ces deux mastodontes économiques – l’un en train de chuter et l’autre en train de monter –, une lutte militaire et politique devait en résulter. Les analystes politiques aussi bien américains que chinois ont eu beaucoup de choses à dire à ce sujet au cours des dernières années.

Cependant, pendant le conflit syrien – et ceci est un fait incontestable – la Chine s’est tenue loin de la mêlée. Pendant cinq années entières – et même pendant la crise actuelle – Pékin a maintenu sa neutralité habituelle, déplorant simplement la souffrance des Syriens et émettant des condamnations contre le terrorisme.

En termes économiques, la Russie ne constitue pas une véritable menace pour les États-Unis, mais en Syrie, c’est en effet l’armée russe qui est le plus grand ennemi des Américains – les Chinois n’y apparaissent pas du tout.

En regardant la situation géographique, le conflit en Syrie pourrait propager la contagion de Daech dans le Caucase russe (par un couloir direct qui passe par la Turquie) beaucoup plus rapidement que ce fléau ne pourrait entrer, par exemple, au lointain Xinjiang, la région ouïgoure autonome de la Chine. Selon cette logique, il serait plus judicieux de promouvoir Daech en Afghanistan ou au Pakistan, un meilleur point de départ pour canaliser le chaos terroriste en Chine.

De plus, il est logique de supposer que si la Russie n’était pas un acteur géopolitique aussi important aujourd’hui, Pékin ne serait pas entré dans une confrontation avec les États-Unis sur la Syrie, mais serait plutôt arrivé à un accord avec l’Occident, même sur la base d’un compromis qui n’aurait pas été très avantageux pour la Chine, se basant sur une vision à long terme de l’Histoire pour parier sur le déclin inévitable de la civilisation occidentale.

Pour la Russie, cependant, le conflit avec l’Occident n’a absolument rien à voir avec l’économie. Il est inepte de suggérer que l’économie russe, en dépit de tous ses véritables progrès au cours des 15 dernières années, constitue une menace pour l’économie des États-Unis au niveau mondial, où la Chine joue toujours une part prépondérante.

Oui, les associations géopolitiques comme les BRICS pourraient renverser le système monétaire établi à la conférence de la Jamaïque, ainsi que le consensus de Washington, mais encore une fois ce n’est pas de la concurrence économique, mais la projection financière d’une épreuve de force militaire et politique.

Quel est vraiment le fond de tout ceci ? Pourquoi la Russie se retrouve-t-elle une fois de plus à l’épicentre d’un conflit mondial qui menace de déborder ? Pourquoi l’État russe – qui a subi une transformation douloureuse à la fin du XXe siècle, à partir de laquelle il n’a pas encore pleinement récupéré – a-t-il été forcé de résister à l’attaque d’un hégémon qui dirige les développements internationaux et possède des outils de confrontation bien plus avancés ?

Pour comprendre l’essence de ce qui se passe, il faut finalement reconnaître que les actions de ceux qui sont dans le peloton de tête de la civilisation occidentale – et non les commis travaillant au Département d’État et au Pentagone, mais les véritables gestionnaires du projet mondial de la Pax Americana, qui sont considérés comme des gens très pragmatiques – sont en fait conduits par des idéaux très spécifiques et des objectifs ultimes.

Leurs mots sur l’exceptionnalisme américain comme société libre idéale, le phare de la démocratie, et le dernier espoir de la Terre sont plus que des belles accroches et des slogans publicitaires – ils représentent la perception qu’ils ont d’eux-mêmes en tant que force spéciale sur cette planète. Au XVIIe siècle, Jonathan Edwards avait déclaré que les Américains avaient pris la place des Juifs en tant que peuple élu de Dieu. Et même les pères fondateurs de l’Amérique ont vu dans leur travail le point culminant de l’Histoire du monde.

Au XXe siècle, Ronald Reagan, qui accusait l’Union Soviétique d’être un «empire du mal», revendiquait clairement le rôle du «bon empire» pour les États-Unis. En ce sens, les Bush, Clinton et Obama ne sont pas en train d’inventer quelque chose de nouveau, ils utilisent simplement des mots différents pour exprimer ce messianisme très américain.

Une expression naturelle de cette idéologie peut être vue à travers la politique étrangère des États-Unis modernes en tant qu’«exportateur de la démocratie» et arbitre et gendarme du monde. La saisie des ressources, du pétrole et du gaz – ainsi que les récompenses financières – ne sont que des bonus et un outil pour aider à atteindre ces idéaux.

Le concept clé est «liberté», autour duquel le reste de la construction d‘«exclusivité» est construit. Ceci est exprimé par liberté humaine (comme une bénédiction), mais en fait les «maîtres du monde» le comprennent comme liberté du capital, à savoir, une politique du «tout est permis» pour l’homo economicus. Selon eux, le monde idéal devrait être un marché pour les biens et services, dans lequel un être humain est lui-même les deux. L’argent devient l’équivalent de toutes les manifestations de l’univers ainsi que son essence première.

Tout ce que nous appelons pragmatisme est en fait dérivé de cette compréhension «monétaire» de la vie.

Cependant, l’expansion de l’argent – dans une dimension spatiale et spirituelle – ne se limite pas aux profits immédiats, mais poursuit son objectif principal, à tout prix, qui est d’engloutir tout à fait le monde et reformater l’humanité dans un mécanisme financier (ce processus lui-même est connu comme un progrès, qui est analogue au développement de la technologie).

Est-il seulement utile d’expliquer que «la liberté» et «le progrès», compris ainsi, sont tout à fait en désaccord avec l’ensemble du déroulement des 2000 ans du christianisme et sont mortels pour l’humanité ?

En fait, au cours des dernières décennies, la civilisation occidentale a évolué vers un rejet total du christianisme sous le couvert de la «tolérance» et vers la promotion de la dépravation sous le couvert des «droits des homosexuels», alors que la Russie devenait le premier champion des valeurs traditionnelles et des croyances.

Est-ce simplement une coïncidence que le point de départ de cette bataille majeure entre la «liberté du capital» et «la liberté de l’âme» atteigne son apogée sur le sol syrien où le monde chrétien a fait ses premiers pas ? Le christianisme est né au milieu de ces rochers de la région Méditerranéenne du Moyen-Orient, et des centaines d’années plus tard nous voyons des tentatives de l’enterrer au même endroit.

Fait intéressant, les idéologues de Daech, qui ont été formés dans les prisons américaines à abuser de manière sélective des versets du Coran, aiment citer le hadith 6924 qui décrit une bataille entre le Bien et le Mal dans la ville syrienne de Dabiq.  Savent-ils – comme ceux qu’ils citent à travers leurs vociférations – qu’ils ne sont que des dupes destinés à servir de chair à canon du diable dans la bataille finale ?

Est-ce que la multitude qui, chaque jour gobe et mâche le chewing-gum insipide que l’on appelle CNN, est capable de saisir que l’histoire n’est pas propulsée par des hydrocarbures ou de fugaces intérêts, mais par une bataille entre des principes opposés, deux forces qui tirent l’humanité dans des directions différentes – l’un vers le bas dans la Géhenne et l’autre vers le Land O’ the Leal (paradis) ?

C’est étrange mais vrai : au cours de ces derniers siècles une seule puissance – la Russie – s’est carrément dressée en travers du chemin de ceux qui déclarent être «une grande bénédiction», une «race pure», ou le «pilier de la démocratie», tout en cherchant à subjuguer l’humanité. Les historiens peuvent passer tout le temps qu’ils veulent à essayer de nous convaincre de l’objectivité de l’émergence d’Hitler et de sa campagne orientale, que les États-Unis et la Grande-Bretagne n’avaient pas remarqué les exactions nazies et que, sans trop y prêter attention, ils ont aidé l’économie allemande en lui fournissant des prêts, mais c’est une évidence, Hitler, comme Daesh aujourd’hui, avait été soigneusement préparé pour une offensive contre la Russie. Et après que l’armée soviétique a détruit l’armée d’Hitler, ils étaient prêts à faire l’opération Unthinkable – pour attaquer l’URSS. Ils n’ont jamais plongé dans ce dernier projet. Mais dans les premières années d’après-guerre, ils ont utilisé la perspective de leur bombe atomique pour intimider Moscou.

Il est stupide d’essayer d’expliquer une telle infamie comme simplement la conséquence de la confrontation entre les systèmes communistes et capitalistes, parce que, comme nous l’avons vu après l’effondrement de l’Union soviétique – ce n’était plus le communisme, mais la Russie l’ennemi.

«Pour sauver le monde de la propagation du mal absolu» – telle est la mission mondiale et le sort de la nation russe et de l’État russe en tant que phénomène historique. Ce sort n’a pas été choisi, mais la Russie est destinée à sauver une nouvelle fois le monde de la destruction – sinon elle ne serait plus la Russie.

Cela n’implique en aucun cas l’infaillibilité ou l’exceptionnalisme des Russes eux-mêmes, puisque la bataille se déroule aussi bien en leur sein, mais il confère à cette nation une responsabilité particulière pour le sort du monde entier.   Le fait de cette mission explique l’irrationnelle et farouche haine de la Russie et des Russes qui enflamme la «superclasse» mondiale et qui se reflète dans les téraoctets de la propagande militante qu’ils paient chaque jour.

Il est important pour tous les citoyens rationnels du monde de comprendre que, quand ils regardent les informations sur la Syrie, la véritable question n’est pas Assad ou la Syrie en tant que tels, ni même les intérêts nationaux d’un État-nation. La question est à propos de l’impasse métaphysique entre les deux principes de cet univers. C’est au sujet de la guerre des mondes. Dans lequel chaque citoyen devra faire son propre choix existentiel.

* * *

Tamman Azzam (Syrie, 2016)


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